samedi 28 février 2015

Quai de la Marne, dAcRuZ, vite fait...




Dans un précédent bulletin de guerre, nous [Richard] vous avions narré le massacre de l'Inca du quai de la Marne [Attentat à la bombe]. Pourtant, dAcRuZ avait fait fort. Dans l'intention louable d'apporter sa pierre aux efforts de paix des hommes de bonne volonté qui, sans grand succès, il faut bien le concéder, s'efforcent de trouver un règlement aux tensions du Proche-Orient. dAcRuZ, entre synagogue et logements sociaux majoritairement occupés par des familles musulmanes avait peint un visage composé de deux faces : l'une était dans une palette qui se rapprochait des couleurs du drapeau israélien, l'autre était dominée par des teintes empruntées au drapeau palestinien.

             


Le nouvel Inca de dAcRuZ ressemble dans ses grandes lignes à son frère qui l'a précédé en lieu et place sans être pour autant son jumeau. Nous retrouvons les traits caractéristiques du masque précolombien qui depuis une quinzaine d'année est son représentant et "sa marque de fabrique". Les deux faces ont des formes très comparables et les couleurs très vives ont été renforcées par l'emploi de peinture brillante argentée. Nous retrouvons le cloisonnement des surfaces habituellement utilisé par dAcRuZ. Les formes sont très rarement symétriques – dAcRuZ m'a confié avoir horreur de la symétrie – le plus souvent oblongues (jamais carrées ou rectangulaires, voire trapézoïdales ou cylindriques etc.). L'analyse fine du cloisonnage montre que deux ou trois couleurs sont utilisées.

             


Dans ses œuvres maîtresses (je pense à son Inca de Ourcq Living Colors), davantage de couleurs sont utilisées et les surfaces délimitées sont beaucoup plus petites. De plus, les oppositions de couleurs sont bien plus recherchées. Les traits sont l'objet d'un travail graphique particulier : ce ne sont pas de simples projections de bombes aérosols mais un ensemble de traits liés par une harmonie colorée.
Des surfaces proches de la signature de l'artiste ont été commencées, ébauchées, mais imparfaites elles n'ont pas été terminées.

    



Le message de la fresque précédente "one nation, one love" n'a pas été repris. Il a été remplacé par "75019". Les chiffres peints en gros sont particulièrement bien réalisés. Leur graphisme, la sophistication du dessin de leurs traits en font l'élément central de la face gauche. La face droite ne porte que la signature du street artist, en haut à gauche, signature certes très lisible mais de taille modeste par rapport au "75019" de l'autre face.

             


Quelles conclusions tirer de cette rapide lecture ?
À la fresque politique succède une fresque décorative dont le but est de prendre possession des deux murs qui forment angle droit.
dAcRuZ affirme son identité par son Inca, par son nom et par l'identité de l'arrondissement qu'il revendique comme étant sien.
Cette fresque de l'Inca a la même fonction que celle de l'oiseau de la rue de l'Ourcq. Il s'agit non de faire œuvre d'art (dAcRuZ en est capable, il l'a déjà prouvé), mais d'occuper des territoires pour ne pas les laisser à des crews toutes prêtes à en revendiquer la propriété.

Dans un prochain épisode, je vous dirai pourquoi les street artists engagent dans cette guerre des territoires leurs deniers, achetant moult bombes aérosols, rouleaux, peintures acryliques et... beaucoup de temps.
À suivre.

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