samedi 15 novembre 2014

Nadège Dauvergne nous explique...

Le post Nadège Dauvergne et ses dames, copiées, collées et peintes de Richard à suscité un commentaire amical de Nadège Dauvergne sur son propre travail. Vu l'intérêt de ce commentaire, nous avons décidé de le mettre en avant par la création d'un nouveau post, avec la réponse de Richard.

Nadège Dauvergne
Rue Dénoyer à Belleville
d'après Canaries d'Albert Joseph Moore
Merci pour votre article. Je voulais juste vous préciser qu'il n'y a pas d'impression préalable, je procède de manière classique (obligé). Dessin au fusain, premiers aplats à la bombe aérosol (équivalent des glacis) et finitions à l'acrylique. Toutes les figures choisies sont issues de tableaux du XIXe siècle, peintes par des artistes pompiers ou de ce courant de l'époque victorienne appelé "olympien". Je les choisis parce qu’elles me touchent et comme vous je suis fascinée par la grâce et la beauté de ces femmes d'un autre siècle. En les peignant ainsi, grandeur nature, c'est comme si elles venaient nous rendre visite en se mélangeant aux images et aux environnements d'aujourd'hui. Une manière de parler de l'Image avec un grand "I" par ce grand écart temporel ?
Le mystère reste entier...

Richard
Si nous avons écrit un article sur vous c'est que nous avons été saisis par la beauté de vos "dames" olympiennes. Dans l'environnement délabré des bords du canal de l'Ourcq à Pantin, parmi les graffs malhabiles et les fresques ratées des apprentis street artists, vos dames éclaboussaient de leur beauté. Le contraste entre le paysage de no man’s land, d'un lieu désert, isolé, presque dangereux, et la sérénité, la noblesse, la jeunesse radieuse de ces femmes est un élément fort qui explique l'émotion esthétique qui m'a saisi. J'en viens à penser à l'importance du contexte dans votre projet. Il me semble que plus l'environnement  est laid, plus vos œuvres font sens. À ce premier contraste, je vois une opposition absolue de style entre vos dames du temps passé et les productions des autres street artists. Non seulement votre technique, que vous avez eu la gentillesse de nous décrire, mais votre palette (ces harmonies douces des blancs et des roses, ce refus de renforcer les contours par une ligne claire, d'attirer le regard des chalands par des teintes trop vives, votre fidélité aux modèles "olympiens"...) tout s'oppose aux canons dominants du street art. À un street art, jeune et déjà codifié (voir le free style des graffeurs par exemple), s'oppose un art urbain qui emprunte les codes de la peinture du XIXe siècle pour faire dialoguer deux formes de représentations. Enfin, pour tout vous dire, j'aime les street artists quand ce sont de véritables artistes, c'est-à-dire, des hommes et des femmes qui interrogent leur art et notre temps. Votre démarche nous invite à partager votre réflexion sur la représentation et sur la beauté dans les arts, thème central des problématiques de l'histoire de l'Art, de Platon à nos jours.

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